30 Mar Béatrice Bourgeois, chef du département des relations de travail de TotalEnergies
« On sort souvent de sa zone de confort quand on pratique les relations sociales »
Qu’est-ce qui vous a amenée à orienter votre parcours professionnel vers le champ des relations sociales ?
Très tôt, lors de ma première expérience professionnelle, j’ai eu l’occasion de mettre en place une « délégation unique du personnel » immédiatement après l’adoption de la loi quinquennale de 1993. Cette expérience intéressante a inspiré mon sujet de thèse de doctorat. C’est dans le cadre de cette thèse que je me suis passionnée pour le sujet de la représentation du personnel. J’ai mis 10 ans pour la terminer tout en travaillant mais c’est grâce à ce travail de fond que j’ai acquis les fondamentaux en la matière. J’ai pratiqué les relations sociales tout au long de ma carrière professionnelle et suis convaincue que le courage est la principale qualité requise en la matière. On sort souvent de sa zone de confort quand on pratique les relations sociales et il faut toujours savoir prendre le recul nécessaire.
Quel regard portez-vous sur le dialogue social depuis le début de la crise provoquée par la pandémie de covid-19 ? Quelles sont les évolutions souhaitables pour l’avenir et quelles seraient les pratiques à conserver ?
La gestion de la pandémie de Covid-19 a été la période la plus intense mais aussi la plus passionnante de ma carrière professionnelle. Les ressources humaines ont été au cœur de toutes les décisions. Nous avons dû nous montrer extrêmement réactifs et innovants pendant cette période.
La pandémie a obligé tous les acteurs du dialogue social à s’adapter rapidement et à mettre en place des modalités du dialogue social que nous aurions mis des années à mettre en œuvre. Cette crise a été source d’adaptabilité et de modernisation.
Je suis favorable au développement des réunions mixtes présentielles et à distance, au choix de chacun, et souhaiterais qu’on puisse les étendre aux réunions de négociation. Les réunions sont ainsi plus efficaces et faire venir des salariés de l’autre bout de la France à des réunions centrales n’est pas exemplaire à l’heure de la transition écologique. Cela vaut encore plus pour les comités européens. Cela faciliterait également l’accès des femmes à des mandats qui s’engagent bien peu à l’heure actuelle du fait de leurs contraintes familiales.
L’enjeu de demain est la préservation de l’environnement et tous les acteurs du dialogue social ont leur rôle à jouer.
Vous êtes adhérente de l’association Réalités du dialogue social dont la vocation est de promouvoir le dialogue social. Pourquoi est-ce si important pour vous ?
Nous sommes vraiment tous confrontés à des problématiques très proches et pouvoir échanger avec nos pairs et échanger entre nous nos propres expériences notamment en termes d’innovation permet de grandir. L’ouverture à l’extérieur est primordiale quelle que soit notre charge de travail. Elle procède d’une volonté profonde.
Le dialogue social est indispensable pour créer un climat de confiance dans l’entreprise. Il permet l’adhésion de tous mais aussi d’optimiser la qualité de nos décisions car les représentants, par leur pragmatisme, nous font bien souvent remonter des informations essentielles à l’adhésion.
Il est vraiment important pour TotalEnergies de participer à la promotion du dialogue social qui est élément structurant pour atteindre nos objectifs de performance et de transformation.
Avez-vous vu un film, écouté un podcast ou lu un livre que vous recommanderiez à la Communauté Réalités du dialogue social ?
Je recommande un interview sur « YouTube » de Pierre Valentin sur la menace « woke » qui permet de comprendre ce qu’est cette culture « woke » et de prendre conscience de ses dangers.