26 Avr Benoit Teste, secrétaire général de la FSU
« Là où il y avait une pratique ancrée, le dialogue social a permis une adaptation plus rapide »
Qu’est-ce qui vous a amené à orienter votre parcours professionnel vers le champ des relations sociales ?
Je parlerais plutôt d’un parcours militant. Pour moi, l’engagement est venu très vite, dès l’entrée dans le métier, avec le syndicalisme, et le sentiment de pouvoir être utile. J’ai beaucoup apprécié, dès le départ, d’être renseigné concrètement sur mes droits et devoirs par une équipe qui était aussi très militante et qui ne faisait donc pas de différence entre ce qu’on pourrait appeler le « service » que peut apporter une organisation et le « politique », les actions que cette organisation développe pour améliorer ces droits, et ce toujours dans le cadre de l’intérêt général. Ce qui m’a plu et me plaît toujours, c’est d’être porteur de certains sujets, représentant d’agents, légitime car faisant partie d’elles et eux (je continue d’exercer mon métier, enseignant en lycée, certes avec une décharge pour activité syndicale mais seulement partielle), élu par elles et eux lors des élections professionnelles, tout en étant en capacité d’inscrire des intérêts individuels ou catégoriels dans un cadre plus large. Bref, c’est la richesse et la diversité de cette activité qui est passionnante.
Quel regard portez-vous sur le dialogue social depuis le début de la crise provoquée par la pandémie de covid-19 ? Quelles sont les évolutions souhaitables pour l’avenir et quelles seraient les pratiques à conserver ?
La crise a démontré l’importance du dialogue social sur le long terme : là où il y avait une pratique ancrée, le dialogue social a permis une adaptation plus rapide. Là où, au contraire, les relations étaient dégradées, la situation de crise a mis en lumière et accentué les effets de cette carence. Dans l’Éducation Nationale par exemple, c’est une forme de déni des réalités professionnelles qui a conduit à une gestion chaotique de la crise, nuisant à l’aspect praticable des protocoles que seul un dialogue social efficace aurait pu permettre.
La crise a obligé à pratiquer un dialogue social dans des conditions différentes, les fameuses visios n’en sont qu’un exemple. Pour les organisations syndicales, cela a été plus difficile de « sentir » le terrain, et donc de « faire remonter » les analyses et demandes adaptées à la situation, dans la mesure où les collectifs de travail étaient eux-mêmes affectés : moins de réunions syndicales, moins de discussions, formelles ou informelles, entre collègues. Nous retenons de cette période que c’est ce collectif qu’il est important de continuer à faire vivre du mieux possible pour en être porteurs plutôt que de la somme d’expressions individuelles, c’est ce que nous avons tenté d’assurer.
Vous êtes adhérent de l’association Réalités du dialogue social dont la vocation est de promouvoir le dialogue social. Pourquoi est-ce si important pour vous ?
Réalités du dialogue social permet de prendre du recul et en particulier d’échanger pour comparer les pratiques du public et du privé. Parce que ce n’est pas une table de négociation, cela donne un cadre qui, très souvent, permet de sortir des postures attendues des uns et des autres et donc au final de mieux se comprendre.
Avez-vous vu un film, écouté un podcast ou lu un livre que vous recommanderiez à la Communauté Réalités du dialogue social ?
Etant professeur d’histoire-géographie, je recommande l’Histoire populaire de la France de Gérard Noiriel, paru en 2018, d’abord parce que Gérard Noiriel est un très grand auteur d’histoire, la lecture est vraiment très agréable, ensuite parce que c’est un ouvrage qui nous dit beaucoup des dynamiques complexes, des tensions et des contradictions de la vie sociale à travers les temps, ce qui n’est pas complètement inutile pour comprendre notre monde, y compris la question des relations sociales.