25 Nov Claire Guillemain, directrice générale de Thalie Santé
« Un bon dialogue social est signe d’une société qui se porte bien »
Qu’est-ce qui vous a amenée à orienter votre parcours professionnel vers le champ des relations sociales ?
C’est mon travail dans une branche professionnelle. J’étais administratrice d’une entreprise et j’ai eu envie de m’impliquer dans les questions sociales. À l’époque, cette structure venait d’adhérer à un syndicat patronal, ce qui m’a amené à me questionner sur le fonctionnement et les rouages du dialogue social notamment dans les très petites entreprises (TPE) où il est possible d’avoir des dispositions spécifiques grâce aux conventions collectives. Cette expérience m’a permis de me découvrir une véritable appétence pour la négociation collective et l’envie de faire bouger les lignes, pas uniquement au niveau individuel mais aussi pour toute une profession. En termes de développement personnel, cela a contribué à m’élever en m’apprenant à être davantage à l’écoute des autres et de leur situation ; cela a également renforcé mon écoute active et contribué au développement de mes compétences managériales.
Quel regard portez-vous sur le dialogue social et sur son rôle dans la gestion des crises diverses (sanitaire, géopolitique, économique…) ? Quelles sont les évolutions souhaitables pour l’avenir et quelles seraient les pratiques à conserver ?
Le rôle du dialogue social, par nature, est de trouver une position commune sur des sujets qui paraissent divergents. Les corps intermédiaires via les organisations professionnelles et leur dialogue, sont essentiels pour la démocratie et font partie des éléments socle de cette dernière. Ils permettent de structurer la relation aux citoyens et travailleurs. Un bon dialogue social accompagne une société qui se porte bien et des enjeux sociétaux.
Les techniques du dialogue social rejoignent en effet celles de la diplomatie ; elles reposent sur un état d’esprit, la volonté d’une co-responsabilité, d’écouter l’autre, de lui faire confiance, de progresser ensemble. Ce qu’il se passe dans le dialogue social et dans une démocratie est constitutif d’un groupe. Les objectifs sont identiques, les règles et le terrain de jeu doivent être communs, de même que la construction d’une histoire. Il s’agit de définir des règles pour travailler ensemble et donc vivre ensemble.
Lors des dernières crises, le dialogue social a été essentiel. Pendant la pandémie, dans mon entreprise, nous sommes passés d’un CSE par mois à une réunion de l’instance tous les deux jours. Dans la société française, alors que les corps intermédiaires avaient été mis de côté, nous les avons davantage interrogés et écoutés pour qu’ils nous fassent part de leur point de vue mais aussi pour bâtir des plans de continuité d’activité, pour réfléchir à l’adaptation à la législation… Je trouve qu’on a su faire preuve d’inventivité, de créativité et d’utilité pour l’intérêt général et le bien commun, qui sont deux éléments fondateurs du dialogue social.
Vous êtes adhérente de l’association Réalités du dialogue social dont la vocation est de promouvoir le dialogue social. Pourquoi est-ce si important pour vous ?
Faire partie de Réalités du dialogue social permet de ne pas réfléchir seule mais à plusieurs, avec une pluralité de points de vue. J’ai le sentiment que nous avons tous comme objectif commun le progrès social, même si nous avons des visions différentes. J’ai besoin de me nourrir de la pensée des autres pour construire mes propres opinions. Ce que j’aime au sein de Réalités du dialogue social, c’est d’entendre les autres, non pas pour leur répondre, mais pour comprendre ce qu’ils me disent et pour l’intégrer pour construire ma propre vision du monde du travail. Cela va à l’encontre de ce que j’essaie de déconstruire dans le monde du travail et de manière générale au sein des entreprises (y compris la mienne !), c’est-à-dire une pensée très pyramidale où la direction aurait toujours raison. Avec l’Association, je vais vers davantage d’horizontalité dans les organisations et cela me plaît.
Avez-vous vu un film, écouté un podcast ou lu un livre que vous recommanderiez à la Communauté Réalités du dialogue social ?
Je viens du monde de la culture et du spectacle vivant, il est difficile de conseiller un spectacle ou un concert car c’est très éphémère d’où son intérêt. Ce que j’ai envie de transmettre aux membres de Réalités du dialogue social, c’est l’envie d’aller voir du spectacle vivant pour cultiver notre curiosité et notre esprit critique. Il faut oser pousser la porte des théâtres, des salles de concert. Laissez-vous tenter même si vous ne connaissez pas, car cela développe l’esprit critique, ça soulève le débat d’idées et c’est ce que j’aime.