« « Faire vivre la négociation est un combat ! » »
Qu’est-ce qui vous a amené à orienter votre parcours professionnel vers le champ des relations sociales ?
Je pense qu’aucun engagement ne peut s’expliquer par une motivation simple. Le mien repose sur un faisceau d’histoires et de rencontres. D’abord, je pense qu’il y a mon environnement familial qui encourageait à l’engagement et à la responsabilité. Nous avions le droit de tout critiquer, mais à condition de proposer autre chose… et d’être prêt à le faire. Et puis, il y a des rencontres, notamment des enseignants qui vous permettent de développer votre esprit critique et d’exprimer vos idées.
Enfin, le hasard est peut-être le dernier des déclics : des mouvements de contestations pendant les années d’études (pour moi, cela a été 1986 et l’opposition au projet de loi Devaquet, et avec ce qu’il a comporté de débats, mais aussi de tragique avec la mort de Malik Oussekine) aux premières rencontres dans le cadre du travail qui m’ont permis de rejeter une forme de syndicalisme clientéliste quand j’étais enseignante, pour choisir un syndicalisme plus général tout en étant évidemment ancré dans le champ du professionnel.
Et je n’oublie pas la motivation première : l’envie de changer le quotidien au travail, l’envie d’améliorer les relations de travail, de pouvoir s’exprimer et donc peser sur le sens du travail et lutter contre ce qui relève de l’injustice, y compris sociale.
Y-a-t-il des faits marquants, des réalisations dont vous êtes particulièrement fière ?
Au début de mon engagement syndical et de ma vie professionnelle, j’ai beaucoup apprécié le travail de proximité avec les collègues, écouter, échanger, construire les demandes à porter auprès de nos directeurs, sur l’organisation du travail par exemple. C’est là aussi que j’ai découvert le conflit, particulièrement avec un président d’université qui voulait gérer la bibliothèque de manière très autoritaire et directive et nous avons réussi collectivement à imposer nos compétences en la matière, sans pénaliser les utilisateurs !
Et puis ensuite, j’ai été fière de défendre des collègues dans le cadre des commissions administratives paritaires (CAP). C’est là que j’ai découvert le dialogue social au niveau national, où il fallait convaincre les représentants de l’administration de construire ensemble des réponses qui tiennent compte des aspirations individuelles et des besoins des services.
Enfin, dans mes responsabilités nationales, c’est probablement l’émergence de la négociation collective qui est une énorme satisfaction. D’abord, c’était une revendication de longue date et identifiante de la CFDT. De son émergence à sa validité juridique et maintenant à sa mise en œuvre, on voit que c’est un outil du rapport de force auquel tout le monde a à gagner. Et qui permet de construire des droits nouveaux, à tous niveaux, en évitant le plus souvent le conflit stérile.
Mais que l’on ne s’y trompe pas : faire vivre la négociation est un combat ! Celles et ceux qui pensent que le compromis serait de la compromission font fausse route et d’ailleurs, les accords – parfois unanimes – débouchent toujours sur des améliorations pour les collègues dont nous sommes les représentants légitimes en tant qu’organisation syndicale représentative.
Vous êtes adhérente de l’association Réalités du dialogue social dont la vocation est de promouvoir le dialogue social. Pourquoi est-ce si important pour vous ?
L’association offre un lieu de partage d’expériences, de partage de pratiques du dialogue social dans toutes ses composantes. C’est aussi un lieu de confrontation d’idées. Et ces débats permettent de faire vivre une conviction qui est partagée par l’ensemble des adhérents : tout le monde est gagnant dans le dialogue social. Être adhérent(e) de RDS, c’est une opportunité de transmettre, c’est une chance d’enrichir nos connaissances, et c’est au final un moyen de contribuer à la justice sociale. En tout cas, je l’espère !
Avez-vous vu un film, écouté un podcast ou lu un livre que vous recommanderiez à la Communauté Réalités du dialogue social ?
Par culture, et peut-être aussi pour une question de génération, je reste plutôt livre que podcast… Ceci dit, ce support est devenu un véritable vecteur d’échanges et de diffusion. Je me promets donc d’écouter la série « Fonction publique, mon amour », non sans regretter qu’un épisode n’ait pas encore été consacré à la représentation des agents qui est une manière de participer et de s’exprimer sur leur quotidien au travail.
Côté livre, sur la pile des ouvrages à lire, je citerai deux titres. L’un est en lien avec les questions qui traversent les esprits depuis quelques mois : Le régime de Vichy, de Marc Olivier Baruch.
Et un autre auquel je pense régulièrement : « Démocratiser le travail : un autre regard sur le lean management » de Michel Sailly. En dépassant les stéréotypes faciles, Michel Sailly place la qualité du travail et le développement des salariés au cœur du management et de l’organisation du travail, cet ouvrage bouscule les représentations et donne des repères pour ouvrir un dialogue social constructif.
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